Exposition du 11 mai au 1er juin 2012
« Ce jeune artiste autodidacte (né à Montbéliard, vit et travaille à Paris) crée d’un trait quasi instinctif ,tremblé, épars,parfois souligné d’un trait épais d’acrylique, des dessins d’une puissance saisissante situés dans un quelque-part entre l’abstrait et le figuratif, délicats et impudiques à la fois. Autre volet du travail de Lahcen Khedim, toujours dans la continuité: de grands acryliques sur papier, couverts de multiples couches de coulures, dont surgissent des visages, yeux écarquillés, bouche ouverte.Assurément, nous sommes dans l’univers, dans la création d’un artiste singulier et totalement dans son temps. »
– Elisabeth Samuel – Galerie Claude Samuel –
Le dessin
Pour mes dessins, je cherche la liberté dans le trait, les formes, les visages et les couleurs. Je n’ai pas peur d’un accident au contraire, je le recherche. J’aime travailler des matières différentes sur le même dessin. Le dessin est pour moi un champ d’investigation, une « terra incognita ». Je me laisse aller à un trait automatique. Il y a des récurrences dans mes dessins. La femme, son sein, ses formes. Il y a aussi la nécessité de peindre le double, le trio dans un même corps. Je dessine l’humain, l’animal et parfois l’homme-animal.
Le dessin est pour moi une respiration qui m’aide à retourner sur la toile.
La toile
L’humain est au centre de mon travail. Je cherche, à travers la peinture, à toucher une mémoire collective et une actualité inconsciente. Abreuvés d’images brutales et numérisées, nous sommes aujourd’hui dans l’incapacité d’en être véritablement émus, de les retenir même. Loin de toutes fabrications techniques nouvelles, j’utilise la peinture, le crayon, l’encre et le papier qui sont pour moi des outils intemporels et vivants. Des matières organiques avec lesquelles je me sens libre et créatif.
Je veux m’inscrire dans mon temps, celui que je vis, tout en parlant d’hier et de demain. J’explore la vision du monde qui m’entoure, celle d’une humanité unie et séparée, concentrée et identique. Mon humanité est celle d’hommes et de femmes rassemblés dans une même expression, la peur et l’étonnement ou bien noyée dans une masse homogène. Pour m’éloigner des images actuelles, je me refuse d’afficher un réalisme appuyé, j’aborde mes scènes de foules par l’esquisse. Une sorte d’esquisse aboutie. Les visages s’inscrivent alors sur la toile comme des signatures, sorte de « smileys » picturaux rehaussés d’une expression plus humaine.
Dans ma peinture, ces visages sont un clin d’œil sarcastique à la communication virtuelle d’aujourd’hui.
Je travaille sur de grands formats. J’aime appliquer directement aussi sur la toile du papier collé ou du carton parfois. Ca rajoute de la matière, de la chair, et offre une certaine aspérité à la toile. Je veux créer un lien entre la matière et la narration, comme l’encre et le texte pour un livre.
Je pars dans le conflit entre l’abstrait et le figuratif. Je pose des lignes continues et suspendues, des éclatements de couleurs, les traits peu à peu forment des corps vides, des visages. Je trouve une narration figurative dans l’abstrait, d’une manière complètement instinctive. Les couleurs et la surabondance de matière donnent définitivement naissance à la forme réaliste. Du moins, celle que je vois. La couleur est aussi motrice de la narration. J’aime chercher les couleurs proches, les déclinaisons d’une même teinte ou au contraire faire exploser les oppositions. Je recherche aussi la lumière dans des pigments sombres. Cette densité de matière, acrylique, huile et papier, les couleurs et la lumière viennent soutenir le sujet.
« En ce qui concerne mon travail, je suis un instinctif et je réagis à ce que je vois, à ce qui me touche ou me choque. Je ne cherche pas à faire passer une idée mais plutôt une émotion. » – Artslant Interview par Georgia Fee – Septembre 2009 –
Lahcen Khedim