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Exposition du 19 février au 21 mars 2014
Vernissage le jeudi 27 février à 18h30

 

ANDROGYNE
L’androgyne par définition est un être humain dont l’apparence ne permet pas de savoir à quel sexe il appartient. Le terme est aussi revendiqué par certaines personnes qui ont une identité ni tout à fait féminine ni tout à fait masculine, quelle que soit leur apparence physique. Il fascine philosophes, écrivains et sociologues depuis l’Antiquité. Les gens ont tendance à assimiler à l’androgynie des tendances homosexuelles et transsexuelles alors que sa définition ne comporte pourtant aucun de ces critères.

L’androgyne est fascinant parce qu’il dérange, il attire certains mais repousse d’autres. J’ai abordé mes modèles dans la rue, dans les lieux publics, rencontres de hasard. Ils troublaient le regard. Rien d’extraordinaire. Des gens presque normaux. Une infime singularité, léger bousculement des codes sociaux en vigueur. Leurs visages et leurs corps ouvraient la possibilité d’une confusion des genres. Attirance ou répulsion personne n’y est insensible. Dans la littérature, l’androgyne est représenté d’un côté comme un être maléfique, de l’autre comme être de perfection, deux visions extrêmes des plus excitantes. Dans les romans et nouvelles appartenant au mouvement décadent du XIXe siècle, la figure de l’androgyne est récurrente, mais sous la forme d’un personnage morbide, voire satanique, qui ne connaît d’existence que sensuelle. Sous la plume du romanesque Honoré de Balzac, il est homme parfait, réunissant les pouvoirs, les puissances magiques et religieuses liées à chacun des deux sexes. À mes yeux, l’étrangeté de l’androgyne le rend beau.

J’aime à penser que l’androgyne est un être fort. Fort car il se heurte depuis toujours aux regards et aux dires des autres comme une personne à l’apparence ambiguë. Les personnes photographiées sont en accord avec leur apparence, elles ont le pouvoir de plaire à qui elles veulent et de déstabiliser les autres. Leur simple existence provoque. Assumée, cette ambiguïté devient une merveilleuse force de la nature. L’androgyne est aussi pour moi fort de sa double sensibilité, l’homme assume sans complexe sa féminité et la femme sa masculinité. J’imagine qu’arrivera le jour où l’on ne fera plus la différence entre les hommes et les femmes, où il y aura seulement d’ineffables attirances. Lui serait-il avant-gardiste de cette modernité du genre ? Les hommes et les femmes que j’ai photographiés ont aimé le fantasme que j’ai projeté sur eux. J’ai aimé la réalité qu’ils m’offraient.

 

ROCK
Le Rock pour beaucoup parle de musique, je pense que c’est avant tout un état d’esprit, et la musique est là pour le véhiculer, le faire bouger, le jouer, le crier !

Si le rock était un cocktail, les ingrédients seraient : anarchie, désordre mais aussi amour et intégrité. Anarchie et désordre car il se nourrit de tous les plaisirs et excès. Il est amour car le rock est sexy, sensuel, charnel. Et enfin, il est intégrité parce que quoi qu’il arrive, on avance chacun avec nos bagages, la tête haute. Rock est une série de portraits anonymes.

Si le rock avait un visage, il ressemblerait à toutes les personnes que j’ai photographiées. Mes portraits sont accompagnés de textes. J’ai demandé à mes modèles de m’écrire quelques mots sur leur relation au rock. Avec ces mots, ils s’approprient le projet, lui donnent une dimension intime.

Je me suis plongé dans cet univers comme dans une quête personnelle de liberté.

 

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