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Videoshow le Mercredi 12 septembre 2018 à 19h00

 

Claudia Masciave ou les méditations d’une jeune femme explosive

Elle passe et repasse dans le cadre, esquisse un pas de danse, va et vient, avance et recule au rythme d’un montage le plus souvent syncopé. «Moteur! Action!» nous disent chaque plan. Car ici, «ça tourne» comme au cinéma des origines : celui des images sans paroles et de son âge d’or, le burlesque. Chaplin, Keaton mais surtout Tati (en couleurs et en sons), voilà à quel cinéma nous renvoient les short films de Claudia Masciave et son personnage qui crève l’écran. Sans parler de la culture du Gif animé par les effets de boucle et de répétition…

Regardez, écoutez. Les mini-films de Claudia Masciave sont habités d’une énergie débordante, d’une étrangeté et d’une drôlerie qui frisent tour à tour la violence et la douceur. Pantomimes, chutes, suspensions, acrobaties improbables, regards expressionnistes (nous revient le Nosferatu de Murnau) , Claudia nous montre et nous fait entendre combien elle est vivante avec son passé d’ailleurs lointain (elle est Franco-Brésilienne), ses peurs et doutes existentiels. Car c’est peu de le dire, les titres de ses films («Absurde», «Clivage ambivalent», «Ludere», «Inexprimable»…) annoncent la tonalité de ses «méditations» filmiques où des sentiments ambivalents, trouvent une incarnation sensuelle (Claudia, herself) et drôlatique (le monde d’objets qui peuple ses films).

Ici, le spectacle est réjouissant mais uniquement d’apparence. Car si l’on sent bien que que l’humour et l’auto-dérision sont des aides supérieures et nécessaires à Claudia, ses films sont inquiets par les questionnements qu’ils portent et suscitent.

Ainsi, les short films de Claudia Masciave se présentent comme un bréviaire personnel d’interrogations sur sa propre histoire, de considérations sur le sens de sa vie, de la vie. D’ailleurs, elle le dit d’elle-même: «Je me considère comme une exploratrice de la vie».

Animée d’une pulsion créative presque dérangeante, Claudia «recolle» les morceaux de son tout avec le grand Tout, assemble les images, les voix off et les sons dans un usage très expressif pour tisser des liens directs, obliques ou symboliques entre son expérience de la vie et le champ de ses préoccupations : l’art, la philosophie, la sociologie, la psychologie…

On en aurait presque le vertige pour elle tellement Claudia Masciave semble plongée dans une sorte d’intranquillité telle qu’a pu l’écrire, la décrire, la commenter Fernando Pessoa dans son livre éponyme.

Mais, n’ayez pas peur. Claudia Masciave crée avec bonheur et bonne humeur. Avec la spontanéité de l’enfant qui découvre le monde, fait ses premiers pas, chute et se relève, parce que c’est le propre de l’homme que de tenir. Tenir, debout.

Son message: il y a urgence pour elle et pour nous, de faire l’expérience de soi-même.
Son secret: voyager sans frontière jusqu’au bout d’elle-même.

Texte écrit par
Jean-Baptiste Guey
Galeriste, commissaire d’exposition et co-fondateur de Keen photographers

 

Facebook : Claudia Masciave