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Exposition du 17 octobre au 3 novembre 2019
Vernissage le jeudi 17 octobre à 19h

 

BUNKER PALACE HOTEL

Philippe Séon vit et travaille à Paris. Il évolue dans le monde du spectacle vivant et de la vidéo depuis 1996 et a commencé à s’intéresser sérieusement à la photographie à partir d’avril 2013. Suivant les traces de son grand-père, John Elmer, G.I. dans la 29e division d’infanterie des forces américaines débarquées en Normandie plus de soixante-dix ans auparavant, Philippe fût envoûté par un champ de bunkers ! Pendant le débarquement, John fut choqué par l’explosion d’un obus et resta amnésique pendant plusieurs mois. Par la suite, ayant retrouvé sa mémoire, il fut envoyé à Fontainebleau en convalescence et c’est là qu’il eut l’occasion, en dansant la valse, de rencontrer la petite Française, Yvonne, qui devait devenir sa femme.

Cette épiphanie dans les bunkers, il lui a trouvé des correspondances dans la littérature, avec des auteurs tels que Ray Bradbury, Frank Herbert, Alain Damasio ou Pierre Boulle, dans le cinéma, avec Blade Runner de Ridley Scott, et dans la bande dessinée, avec Les Gardiens du Mazer de Frezatto, qui constituent chacun des éléments importants de son univers. Elles lui servent à créer des paysages à l’atmosphère onirique qui évoquent les remparts effondrés d’une civilisation engloutie, des cathédrales en équilibre sous un ciel de tempête, des paysages de solitude…

Ses cadrages photographiques mettent en évidence le côté spectaculaire de ces bâtiments devenus obsolètes et qui sont voués à disparaître. Par les jeux de lumière, les plans et la vitesse d’obturation, Philippe Séon construit un univers qui lui est propre. Il met en avant la poésie qui se dégage de ces paysages et qui deviennent un « éloge à la mélancolie ». Ses retouches photos, très appuyées, trouvent leur source d’inspiration dans le style de certains auteurs de bande dessinée, mais également dans celui des peintres flamands, et amplifient l’aspect hyperréaliste et spectaculaire de l’image.

La série BUNKER PALACE HOTEL – clin d’oeil au film d’Enki Bilal dont l’oeuvre est en même temps une source d’inspiration pour ces photos – prend acte de l’érosion des côtes et nous projette dans un futur probable. A travers le parcours d’une quinzaine de sites le long de la côte ouest française, Philippe Séon présente un panorama original du patrimoine militaire de la Seconde Guerre mondiale.

Miracle de la décomposition ! Ses photographies de ces monuments constituent des signes écrits par l’histoire et le temps qui passe, des vestiges d’une activité militaire, un rappel des conséquences de la montée des nationalismes, mais aussi écologique, en ce qu’elles témoignent de l’état d’érosion des côtes. Miracle aussi que le temps cyclique, le retour lancinant de la vie : les artistes investissent les bunkers pour les transformer en oeuvres d’art, bunkers jusque-là considérés uniquement comme des verrues. Les photos deviennent ainsi une archive des oeuvres réalisées, oeuvres sans cesse recouvertes ou effacées par l’océan.

Catherine Schubert

 

https://www.philippeseon.com/